lundi 26 décembre 2011

concepts de la géographie humaine


 Les grandes généralisations empiriques:

            La première formulation s’appuie sur la liaison entre la taille d’une ville et son rang : loi Rang-Taille qui met en évidence que la population d’une ville est liée à son rang. D’où la connaissance de la croissance de la 1° ville permettrait de connaître celle des autres. Donc, comme les villes d’un système sont interdépendantes, la croissance plus rapide d’une ville, remontant ainsi le classement hiérarchique, ne peut se faire qu’aux dépens d’une/plusieurs autres villes du système. Cette loi permet d’élaborer des typologies de structures des systèmes urbains nationaux. Convergence d’une distribution Rang-Taille régulière avec le niveau de développement et urbanisation du pays. Systèmes urbains à primatie (cas déviant de la loi Rang-Taille lorsqu’un système urbain est dominé par 1 ou qq villes de grande taille) se retrouvent davantage dans les pays neufs ou PVD, s’opposant aux systèmes urbains + anciens, stabilisés. Loi Rang-Taille peut ainsi être un outil de planification. Mais ce modèle a des limites techniques (dépendance statistique) et constitue une fiction analytique à l’époque de la globalisation de l’économie (quel intérêt de considérer une ville comme système isolé ?)
            Deuxième généralisation est la règle du gradient des localisations commerciales (dans un centre, l’activité du plus haut niveau est d’ordinaire celle qui a les besoins et les moyens de payer pour obtenir la localisation la + centrale ou la + accessible). Les fonctions du niveau le + élevé sont en centre ville, là où les ventes sont proportionnelles au nombre de passants, et le loyer max. que chaque commerce accepte de payer reflète le niveau auquel ces fonctions s’ordonnent hiérarchiquement. B.J. Berry a montré en Amérique que la structure commerciale comprend des rubans commerciaux et une variété de zones spécialisées dans une fonction. L’unité commerciale est non plus la boutique mais le centre commercial, et la hiérarchie évolue suivant l’accroissement de la population, ses revenus, les méthodes de commerce, les changements techniques... Les fonctions changeant de nature à mesure que la taille de la ville augmente. La structure commerciale est alors liée à la structure économique des villes par la loi de la spatialisation de l’offre aux consommateurs : si la ville est divisée de manière à la fois axiale et concentrique, l’offre des services et commerces dans chacune des cellules sera fonction de la population, de la densité, du statut familial et rang social, le statut ethnique étant moins important.
            Troisième généralisation, celle de C.Clark qui veut que dans la majorité des villes une structure des densités intra-urbaines obéissent à la loi du gradient des densités intra-urbaines (la relation densité/distance au centre d’une ville est de forme exponentielle négative). Repris par les économistes spatiaux qui l’ont rapprochée de la théorie des marchés fonciers urbains. Cette généralisation a été complétée par la loi de la croissance allométrique intra-urbaine (le gradient des densités diminue avec le temps de manière exponentielle) ce qui a conduit à créer la notion idéologiquement ambiguë de densité critique (seuil à partir duquel la croissance devient négative, tout excès de densité se traduisant par des coûts sociaux → pour moi il y a erreur dans cette note, ne serait-ce pas plutôt, toute densité trop faible se traduit par des coûts sociaux plus élevés par capita ?)
            A partir des années 70, des critiques ont été formulées sur ce qui a été appelé un « déterminisme fonctionnaliste » s’exprimant ainsi « la cadre de vie détermine le contenu de la vie ».

 La géographie urbaine entre le paradigme critique et les visions humanistes:

         Les géographes et sociologues urbains marxistes ont choisi d’étudier la ville à travers les formes d’organisation sociale et politique qu’elles traduisent particulièrement en tant qu’expression des contradictions du système capitaliste. D. Harvey considère que la société capitaliste crée un environnement à son image et que ses impératifs structurels limitent les solutions aux problèmes urbains. Dans cette optique, l’étude phare est celle D. Harvey & L. Chatterjee sur la rente absolue et la structuration de l’espace par les institutions financières et gouvernementales à Baltimore. L’objet de la géo urbaine se reprécise : l’étude des réseaux spatiaux des processus sociaux. Ainsi B.J. Berry, dans son célèbre article sur la structure interne des villes, relie les mosaïques urbaines (la différenciation résidentielle de la ville en vient à ressembler à une mosaïque de mondes sociaux où chaque élément reflète le caractère et la fonction de ses habitants) au mouvement de l’écologie factorielle (« Tout ce passe comme si, dans les limites de la technologie et des ressources dont ils disposent, les gens choisissent de minimiser les possibilités de conflits de classe, de génération, de religion, d’origine nationale, en vivant loin de ceux qui sont différents). Or ce type de postulat posant que ce sont les préférences et choix des individus et des ménages qui permettent d’expliquer les configurations résidentielles et sociales des villes a été dénoncé par les chercheurs du paradigme critique (= la « Nouvelle géographie de l’avenir » découlant de la critique de la géographie théorique et quantitative et qui est le fait d’hommes qui se réclament soit de la philosophie marxiste soit de la phénoménologie, voire d’un humanisme existentialiste ou même explicitement de l’idéalisme). La question est de savoir dans quel sens une région écologique peut-être dite réelle ? Quels sont les rapports entre les formes urbaines dégagées par la pensée écologique et le monde de l’expérience urbaine ? C’est ainsi que se développent à partir de 1975 la géographie des représentations et la géographie néo-humaniste pour lesquelles l’espace urbain est certes un produit social, mais également le produit des infrastructures, forces productrices et rapports sociaux. D’où l’apparition dans les termes de la géo éco. d’une géo des espaces de bureaux, de la haute technologie, du rôle éco. de la culture comme créatrice d’une image de marque. Apparition en géo sociale d’une géo des « genres » (les rapports entre les sexes sont compris dans leur nature sociale plutôt que simplement biologique), et d’une analyse des mutations sociales du centre urbain lié à la gentrification, à la réhabilitation de vieux quartiers par les yuppies, les dinks (double income, no kids). Le rôle du contrôle institutionnel et politique reçoit une attention croissante.
            La géo urbaine d’aujourd’hui prend en compte l’univers égocentré de l’actif consommateur, mais aussi des enfants, vieillards... Bref : une géo de l’espace vécu. Seul danger de cette approche est la surdétermination du rôle de l’usager et l’occultation de celui du décideur/aménageur. Le concept de dominance permet de faire le lien théorique entre une vision de l’espace urbain dérivée d’une théorie d’inspiration économique, comme la théorie des mieux centraux, et une autre vision, d’inspiration directement écologique. Au fur et à mesure que les unités sociales se différencient de par leur fonction, naît parallèlement une hiérarchie de relations de pouvoir permettant à l’unité dominante de contrôler les conditions nécessaires au fonctionnement des autres, par exemple la dominance métropolitaine (concept de D.J. Bogue, 1949, désignant le rôle prépondérant des métropoles qui organisent la vie socio-éco des territoires bien plus vastes que celui de leur propre limite).
            Enfin, aujourd’hui, la grande question porte sur comment rendre la ville vivable. D’où les recherches sur les conditions de l’urbanité (qualité d’une organisation urbaine illustrant l’identité d’une ville, sa mémoire, ses conflits, ses changements. Qualité d’un espace ou d’une architecture, exprimant et laissant s’exprimer les projets et les comportements des différents acteurs sociaux. Qualité des pratiques sociales agissant sur l’espace et l’architecture. L’urbanité tend à mettre en relation l’homme et la ville à travers une culture et le génie du lieu.).


  • Les concepts de la géographie humaine    chap. 9  Géographie urbaine  M. Cosinschi et J-B Racine         Camille Tiano.



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